Les abeilles, leur miel et ce qu’on trouve dedans

Les abeilles “mâchent” (ou faut-il dire “lèchent”?) un nouveau produit alimentaire, qui – selon la publicité – répond à l’ensemble de leurs besoins nutritionnels. Crédit : APIX Biosciences. Modifié de PhysOrg, 2025. Cliquer ici pour la source de l’image “en vedette”.


Ce billet1 parle des abeilles, de chimie, et de chimie de l’environnement et du miel. Il décrit comment les abeilles, leurs conditions d’élevage et de production du miel sont en première ligne de notre maltraitance de l’environnement. Comme d’habitude, ce n’est la faute de personne, sinon du très légitime culte du profit2 de notre société. J’espère que la lecture vous convaincra de ne plus achèter votre miel n’importe où, et que vous développerez même une légitime suspicion à l’encontre de votre voisin, “apiculteur de confiance 100% naturel”. Même si l’apiculteur traîte bien ses abeilles (ce qui est rare) il ne contrôle pas l’environnement chimique dans lesquelles ses abeilles évoluent.

Maltraitance des abeilles

Les abeilles n’ont pas de raison particulière d’être heureuses. D’abord, elles vivent dans des boîtes standard en bois ou en plastique spécialement inventées pour faciliter la récolte de la dernière goutte miel par l’apiculteur. La récolte du miel consiste à enlever aux abeilles un produit biologique à très forte valeur ajoutée qu’elles ont fabriqué en vue de se nourrir – en temps normal – pendant la mauvaise saison3. Ce miel contient donc tout ce qu’il faut pour que les abeilles survivent à la saison défavorable dans des conditions idéales. Les abeilles ont passé leur vie à récolter, à concentrer4 et à partiellement digérer divers produits dispersés dans l’environnement, comme le nectar de fleurs et d’autres jus sucrés, du pollen etc. Ce faisant, elles pollinisent les fleurs, ce qui est une fonction essentielle pour l’environnement et l’agriculture, tant et si bien qu’on parle de co-évolution des plantes et de leurs pollinisateurs (Johnson et Anderson, 2010; Patiny, 2012, ce lien de Pollinis et surtout Porcher, 2023-2024).

Pour remercier les abeilles de cette vie d’esclave le maître des mouches5, après s’être approprié le miel, le remplacera par du jus de chaussettes (pardon: mélange sucré composé d’environ deux kg de sucre pour un litre d’eau6) dont elles devront se contenter pour survivre à la mauvaise saison. On appelle ça le nourrissement des abeilles. Elles transformeront le jus de chaussettes en quelque chose de miélé7. Inutile de préciser que les nombreux déboires des apiculteurs (dont le varroa) sont favorisés par ces pratiques qui affaiblissent les colonies. Les apiculteurs qui prélèvent très peu de miel et respectueux des abeilles n’ont que peu de problèmes de ce type (voir par exemple Honigmann, 2024).

Naturelles, les abeilles?

Il m’arrive d’ironiser sur les abeilles domestiques, qui sont, en quelque sorte, des cochons à miel. Comme le chien et les cochons, elles sont très profondément modifiées par la domestication8.

Or, si on en croit la presse, on a découvert en 2021 les dernières abeilles sauvages d’Europe connues à Bleinheim9, en Angleterre. Après un battage médiatique intense, on nous annonçait à l’époque que les résultats des échantillons d’ADN prélevés sur les abeilles sont attendus d’ici trois à quatre semaines, mais M. Salbany10 est convaincu qu’ils montreront que les abeilles sont les descendantes d’une ancienne espèce indigène11.  J’ai écrit au Press & Marketing Department de Blenheim il y a environ un mois. J’ai immédiatement reçu une réponse automatique qui m’assure que Nous nous efforçons de vous répondre dans les deux jours ouvrables. Mais depuis: silence radio complet.

Je suppose que cela veut dire que les abeilles de Blenheim ne sont pas les dernières abeilles sauvages d’Europe, mais des abeilles domestiques retournées à la nature, ce dont on ne peut que les féliciter pour la liberté retrouvée. Ça semble indiquer aussi que, contrairement à l’opinion de nombreux apiculteurs, les abeilles sont capables de survivre sans la protection de l’homme12

Les abeilles en tant que pollinisateurs

Un inventaire sur 27 ans effectué dans 63 régions protégées en Allemagne estime à 76% le déclin de la biomasse des insectes volants. Ce déclin atteint 82% au milieu de l’été (Hallmann et al., 2017). Comme les changements climatiques, la chose est bien documentée et reprise régulièrement par la presse, comme ici dans le Guardian. Une étude plus globale de Sánchez-Bayo et Wyckhuys (2019) indique que dans les écosystèmes terrestres, les groupes les plus touchés sont les lépidoptères (papillons), les hyménoptères (abeilles, guêpes, bourdons, frelons…) et les coléoptères (coccinelle, hannetons). Les principaux facteurs de déclin varient de (1) la perte d’habitat et la conversion à l’agriculture intensive (Figure 1) et à l’urbanisation; (2) la pollution, principalement celle due aux pesticides et aux engrais synthétiques; (3) les facteurs biologiques, y compris les agents pathogènes et les espèces introduites et (4) le changement climatique. En Europe et en Amérique du Nord, près de la moitié des espèces sont en déclin rapide et un tiers est menacé d’extinction. L’intensification de l’agriculture au cours des six dernières décennies, surtout l’utilisation généralisée de pesticides synthétiques, profite à quelques uns mais nuit à la population dans son ensemble13. Ces pesticides se retrouvent partout, y compris dans le miel!

Figure 1: Si vous aviez des doutes sur la notion de la perte d’habitat et la conversion à l’agriculture intensive cette photo extraite de Porcher 2023-2034 vous rappelera de quoi il s’agit. A la perte de la diversité environnementale et alimentaire pour les abeilles, il faut ajouter les agressions chimiques et climatiques, moins directement visibles.

Le Forum économique mondial (WEC) publie tous les ans une étude des risques globaux. Le Rapport de 2020 plaçait les risques environnementaux (en particulier la perte de biodiversité et les conditions climatiques extrêmes) en haut de liste parmi les risques économiques, géopolitiques, sociétaux et technologiques14.

Comme tous les insectes sont en déclin, il est logique de penser qu’on devra – au moins partiellement – remplacer les pollinisateurs naturels, dont les abeilles sauvages comme les osmies et les bourdons par des abeilles domestiques en amenant les ruches à proximité des plantes à polliniser15. Il y a donc localement un déplacement de la fonction principale des abeilles de la fabrication du miel à celle de la pollinisation.

Cependant, si la fonction première est de polliniser, on pourrait finir par envisager de nourrir les abeilles en cours de saison, surtout si elles doivent polliniser des plantes dont le nectar ou le pollen n’est pas très nutritif ni appétant pour elles, comme par exemple le myrtillier16. Il se fait qu’on a enfin inventé des aliments pour abeilles. J’apprends en même temps que  jusqu’à cette invention les abeilles mellifères étaient le seul type de bétail qui ne pouvait pas être nourri avec des aliments fabriqués par l’homme17.  C’est une déclaration de M. Pilkington, le représentant aux USA de APIX, une petite société belge située à Wingene, 15 km au sud de Bruges. APIX vise manifestement le marché US, où les insectes pollinisateurs sont en mauvaise santé et leurs effectifs en chute libre.

Avec l’aliment complémentaire d’APIX parfumé à l’isofucostérol18, les abeilles retrouveront peut-être un peu de coeur à l’ouvrage pour repartir trimer dans les myrtilles. Notez que, avec ou sans abeilles dopées à l’isofucostérol, ces myrtilles industrielles – comme leurs soeurs les airelles ou cranberries – resteront insipides19.

L’isofucostérol s’ajoutera à la longue liste des produits non naturels absorbés par les abeilles, surtout celles qui se nourrissent dans les terrains vagues des villes, notamment de belles quantités de métaux lourds. Assez curieusement, les auteurs parlent du risque pour la santé des abeilles mais peu de la contamination du miel. Il semble que cette dernière soit faible (Beshaw et al. 2022) et comme indiqué dans ce lien. On verra plus loin ce qu’il en est.

La macro-composition chimique du miel

La composition macrochimique du miel est bien documentée, par exemple dans Wikipédia. Il s’agit essentiellement d’un mélange de 10% à 20% d’eau, environ 75% de sucres, un peu de protéines (de l’ordre de 1%) et même environ 200 mg/g de lipides. Selon Flamminii et al. (2024), le glucose et le fructose sont les principaux sucres (85-95 %). Les mêmes auteurs signalent que le miel contient des traces d’acides organiques, d’enzymes, d’acides aminés et de pigments et que la teneur en minéraux, qui varient en fonction de l’origine du miel, représentent 0.04 % à 0.2 %. Les principaux minéraux sont le potassium (K) (jusqu’à 70 %), le calcium (Ca) et le sodium (Na), le magnésium (Mg), le fer (Fe), le manganèse (Mn) et le zinc (Zn), avec des teneurs moyennes supérieures à 1 mg/Kg, une quantité souvent abrégée comme ppm, partie par million. On désigne de même les teneurs expriméees en microgrammes/Kg comme ppb, parties par billion, le milliard des Étasuniens. Le pH du miel est très acide, habituellement de 3.5 à 4.5.

Selon Bogdanov et al. (2013) les recherches approfondies qui ont été menées sur les composés aromatiques volatils du miel ont identifié plus de 500 composés dans différents types de miel. On trouve aussi dans le miel les “colorants” des fleurs, comme les anthocyanes (Rababah, 2014).

Figure 2 sources directes et indirectes des contaminants du miel. Figure extraite de Aghamirlou 2015.


La Figure 2 représente de façon schématique les sources des contaminants du miel. La plupart de ces contaminations semblent être passives bien que Burden et al. (2019) trouvent chez les abeilles une certaine capacité à détecter des métaux toxiques: apparemment, les abeilles ne détectent pas le Cd, mais reconnaissent le Cu et Pb à des degrés divers. El-Nahhal et al. (citant Woodcock et al., 2018) décrivent une autre voie de pollution du miel: l’utilisation de traitements de semences avec des insecticides et des fongicides. Il s’agit le plus souvent de composés systémiques comme des néonicotinoïdes et des fongicides qui sont transportés à travers les tissus végétaux jusqu’à la fleur. De cette façon, ils sont distribués dans la plante entière, qu’ils protègent complètement, mais parviennent aussi dans le nectar et le pollen, où ils sont consommés par les abeilles.

Un mot sur les miels dits monofloraux… Selon Gałczyńska et al. (2025), les miels monofloraux sont définis différemment de pays à pays et de plante à plante. Par exemple, il faut 80% de pollen de colza pour appeler un miel “miel de colza” en Allemagne, ou 90% de châtaignier, 85% d’eucalyptus etc. Par contre, pour le tilleul il suffit de 20%. Il suffit de 15% de sauge ou de 10% d’arbousier en Hongrie. En Grèce, 3% de pollen d’agrumes suffisent à qualifier un miel d’agrumes. Les miels pour lesquels il faut un pourcentage élevé de pollen plus ou moins partout sont le châtaignier, l’eucalyptus et le trèfle. Ceux qui se contentent de “traces” sont la lavande (10% Hongrie), le thym (18 % en Grèce, 15% en Italie) ou les agrumes (moins de 20%). Autrement dit: les miels monofloraux ne sont pas définis par leut goût mais par des normes légales nationales.

Un effet intéressant est celui des nectars contenant naturellement des substances toxiques (Bogdanov et al., 2013), par exemple des diterpénoïdes et les alcaloïdes de pyrrazolidine. C’est le cas de certains rhododendrons, comme le Rhododendron ponticum, qui contiennent des cycloalcanes polyhydroxylés ou des diterpénoïdes toxiques. Des cas d’intoxication par le miel ont été rarement rapportés dans la littérature et ont concerné des personnes originaires des régions suivantes : Caucase, Turquie, Nouvelle-Zélande, Australie, Japon, Népal, Afrique du Sud , ainsi que certains pays d’Amérique du Nord et du Sud. Al-Waili et al. (2012) citent quant à eux, en plus du Rhododendron ponticum (ou Azalea pontica), les fleurs d’andromède, Datura, et du laurier-rose (Oleander) dans la région méditerranéenne.

Morariu et al. (2024) signalent des cas documentés de botulisme chez des nouveau-nés à la suite de l’ingestion de miel contaminé20. En outre, l’utilisation d’antibiotiques dans les pratiques apicoles a été associée à l’émergence préoccupante d’une résistance aux antibiotiques.

Il reste à mentionner les miels adultérés. Selon Morariu et ses collègues, tant en Europe qu’aux USA, le miel est un des produits alimentaires le plus souvent adultérés, après le lait et l’huile d’olive. L’adultération consiste à incorporer 10% à 30% de substances étrangères qui diminuent le coût de fabrication du miel, par exemple du sucre de canne ou de betterave, des sirops de glucose, fructose, maïs, du sirop inversé et du sirop d’inuline à haute teneur en fructose. On peut soit suralimenter les abeilles, soit mélanger directement les solutions sucrées au miel, soit diluer du miel pur de haute qualité avec du miel moins cher de basse qualité. Le lecteur curieux ne manquera pas d’observer que le nouvel aliment complémentaire dopé à l’isofucostérol ouvre de nouvelles perspectives dans ce domaine. Personnellement, je surveillerais le miel de myrtilles!

Figure 3: Un pot de miel “bio” d’agrumes (c.à.d. qui contient au moins 3% de pollen d’agrumes!) acheté il y a quelques jours dans un supermarché de Casale Monferrato. Ce miel est fabriqué par ADI Apicoltura à Tornareccio dans les Abbruzzes.

Et pour finir, le miel “bio”. Les critères pour définir un miel “bio” incluent que les ruches soient exposées, sur un rayon de 3 km, exclusivement à des plantes “bio”, que les ruches soient en matériaux naturels (y compris la peinture21)… Il me semble extrêmement peu probable que les apiculteurs “bio” n’utilisent pas d’acaricides, ou qu’il pratiquent le nourrissement au sucre de betteraves “bio”.

Le Net français ne manque pas de producteurs de miel “bio”. Cette Source indirecte de 60 millions de consommateurs me dit que les “miels de supermarché […] contiennent des résidus de pesticides”. S’il est une seule chose que ce billet montre, c’est que tous les miels contiennent des résidus de pesticides et des métaux lourds, selon le seuil de détection de la méthodologie adoptée. La Source indirecte dit monts et merveilles de certain miel de châtaignier… dont on peut supposer qu’il contient un pourcentage élevé de pollen de châtaignier. Le site de Naturalia m’informe que la société est En rapport direct avec les apiculteurs français ou les coopératives d’apiculteurs notamment en Italie, nous empotons dans nos locaux, ce qui nous permet une parfaite maitrise du produit, de l’approvisionnement jusqu’au consommateur. Ceci signifie aussi que Naturalia achète le miel en vrac, éventuellement (comme pour les vins, même de qualité, dans des contenants en matière plastique) et qu’ils n’ont que peu de contrôle sur la qualité du miel: on verra plus loin que l’Italie, par exemple, est la championne toutes catégories du nombre de résidus de pesticides détectés dans le miel. Vous l’avez deviné: je crois assez peu à la possibilité technique de produire du miel “bio”.

Propriétés bénéfiques du miel

On prête énormément de propriètés bénéfiques au miel fraîchement récolté. Selon Bogdanov et ses collègues (2013), ces effets diminuent rapidement et sont réduits à moins de la moitié après 6 mois. Ils incluent des propriétés antimicrobiennes, antivirales et antiparasitaires (inhibition de la croissance des micro-organismes et moisissures), antioxydantes22, antimutagènes et antitumorales, ainsi qu’anti-inflammatoires.

Gałczyńska et al. (2015) eux aussi citent une riche mythologie des effets bénéfiques de certains miels, insistant quant à eux sur les propriétés des miels avec une présence dominante de pollens de plantes spécifiques (e.g. Pollen d’Acacia, de tilleul…). Ces miels “monofloraux” mentionnés ci-dessus sont réputés avoir des effets antibiotiques et favoriser la cicatrisation des ulcères et la fonction rénale (miel de colza), favoriser la digestion (robinier), améliorer le tonus musculaire (saule), faciliter la circulation sanguine et ralentir l’athérogénèse23 (marronnier, divers Prunus, les saules), et favoriser l’hépatoprotection et la fonction hépatique (marronnier). On leur prête également des propriétés calmantes et sédatives (robinier, tilleul) et diurétiques (divers Prunus)24.

Flamminii et ses collègues (2024) donnent les avantages “fonctionnels et sanitaires” suivants: antimicrobiens, antioxydants, anti-inflammatoires, antidiabétiques, cicatrisants, anticancéreux, antiprolifératifs25, effets immunomodulateurs, maladies du tractus gastro-intestinal, ainsi que des effets cardiovasculaires et ophtalmologiques.

Note sur la toxicité des contaminants

La toxicité d’une substance quelconque est habituellement définie par la LD50 (ou DL50, Dose létale médiane ou concentration létale médiane): c’est la quantité en milligrammes de matière active par kilogramme d’animal qui cause la mort de 50 % d’une population animale donnée (souvent des souris ou des rats) dans des conditions d’expérimentation précises (ingestion directe, inhalation, absorption cutanée). En réalité il existe de nombreuses formes de toxité: létalité plus ou moins rapide, tératogenicité, effets sur la fertilité, cancérigenèse. Le miel et les autres produits de la ruche peuvent être contaminés par des pesticides, des métaux lourds, des bactéries et des matières radioactives. Ceux-ci peuvent entrainer des mutations génétiques, dégradations cellulaires, nécroses, effets sur la reproduction et la fertilité etc. (Al-Waili et al. 2012 et El-Nahal et al. 2020). Il s’agit des effets sur les mammifères et les humains en particulier. Les sources semblent ne s’intéresser que peu à la toxicité sur les abeilles elles mêmes.

Tableau 1: Classes de toxicité telles que définies par l’OMS (2020)

El-Nahhal et al. (2020) définissent un indice de risque (HI, hazard index) qui prend en compte les teneurs des pesticides dans le miel, les quantités habituellement consommées et les limites admissibles selon l’OMS. HI prend en compte tous les pesticides quand on en détecte plus d’un (les risques individuels sont additionnés). Le valeurs de HI supérieures à 1 indiquent un risque avéré.

Les pesticides du miel

Figure 4: Nombre de résidus de pesticides détectés dans le miel par pays selon El-Nahhal et al. 2020. La figure est modifiée par rapport à l’original pour en améliorer la lisibilité.

Les HI des miels étudiés par El-Nahal et al. varient de 1 à plus de 2000 pour les insecticides. Les valeurs sont de 1.50 à 736 pour les acaricides (penser Varroa!), 0.07 à 2.83 pour les fongicides et 0 à 3.33 pour les herbicides. La Figure 4 donne le nombre de résidus détectés par El-Nahal. Ces donnéees attestent en même temps du degré de sophistication atteint par l’agriculture dans ces pays, ainsi, d’ailleurs, que du niveau de préoccupation pour les question environnementales et la santé des citoyens en général.

Je pense qu’il y entre aussi un certain laxisme pour ce qui est du respect des normes européennes, laxisme qui transparaît aussi au nieveau de l’efficacité de l’utilisation des pesticides, comme il a été noté clairement dans deux autres billets de ce blog sur l’efficacité de utilisation des pesticides en Europe: Pesticide use in the European Union: the good, the bad and the ugly listed et More about pesticides in the European Union. Dans un large mesure, les concentrations élevées des résidus de pesticides traduisent une certaine incompétence des agriculteurs26.

Il est frappant aussi que les insecticides soient utilisés partout mais que les huit premiers pays n’aient pas de résidus d’herbicides détectables dans leur miel. Ceux-ci deviennent significatifs à partir de l’Espagne. Les acaricides (penser, comme toujours, au Varroa) sont présents chez les premiers mais absents dans certains pays du Royaune Uni à l’Iran où, on pourrait l’imaginer, on pratique une apiculture moins agressive pour les abeilles.

Figure 5: Comparaison des HI en Europe avec la moyenne générale des HI dans les 27 pays de la Figure 4.

La figure 5 donne les valeurs de HI relatives à la moyenne de tous les pays. Il apparaît que les valeurs de l’Italie et de la France sont cette fois relativement basses27. Le Royaune Uni et surtout l’Allemagne continuent à apparaître comme très vertueux en termes d’utilisation de pesticides. Quant au Portugal, personnellement, je ne me déplacerais pas pour y acheter mon miel.

Le Tableau 2 est une version modifiée du Tableau 1 de El-Nahhal et al. (2020) qui contient de nombreuses sources publiées d’insecticides28 dosés dans des échantillons internationaux de miel. Dans le Tableau 2, les insecticides sont classés par ordre d’abondance moyenne. Noter que la moyenne porte le plus souvent sur un nombre réduit d’échantillons (N) où une valeur élevée peut entraîner la moyenne vers le haut. Les teneurs en insecticides du miel suivent souvent une distribution asymétrique où une ou deux valeurs élevées augmentent la moyenne29.

Tableau 2: Teneurs moyenne du miel pour les insecticides les plus courants (identifiés par leurs noms anglais). Les classes de toxicité sont celles donnéees par la tableau 2 de El-Nahhal ou, à défaut, par OMS 2020. Les produits dont le nom n’est pas coloré ne sont repris dans aucune des deux sources. Certains produits ne sont pas des insecticides à proprement parler. Notes: (*) Le Phtalimide est un additif de certains pesticides (sp. Fongicides) où il intervient comme source masquée d’ammoniaque; (**) Le Fenvalérate interfère avec plusieurs fonctions testiculaires des mammifères; (***) Le Thymol est utilisé comme insecticide, fongicide et contre le Varroa; (+) Selon la source OMS 2020; ($) Le Paraoxone est l’ingrédient actif du Parathion; (%) La classe de toxicité est de II pour le chlorpyriphos-éthyl et de III pour le Chlorpyriphos-méthyl; (£) Le chlordane est en classe de toxicité II. (#) Selon Al-Waili et al. 2012 le Taufluvalinate est un acaricide; HCH: Hexachlorocyclohexane; HCB: hexachlorobenzène; DDT: dichlorodiphenyltrichloroéthane


92 résidus pesticides différents ont été trouvés dans des échantillons de miel provenant de 27 pays. Six résidus appartiennent à la classe de toxicité IA, huit à la classe IB, 42 à la classe II, 35 à la classe III et un à la classe IV. Les indices de danger calculés suggèrent un risque potentiel élevé pour la santé lié à la consommation de certains miels.

Pour les insecticides, les substances les plus problématiques sont par exemple le Carbofurane (classe IB, concentration moyenne dans le miel 94 ppb et dose journalière aigüe de référence – ARfD – de 5 ppm), l’Endrin (classe II, 5 ppb et ARfD de 0.3 ppb), l’Azinphos (IB, 12 ppb et ARfD de 5 ppb), le Coumaphos (IA, 14 ppb et 7 ppb de ARfD), le Lindane (II, 21 ppb et ARfD de 0.3 ppb) et enfin la Dieldrin (II, 5.3 ppb et ARfD de 0.05 ppb). Pour les fongicides, les résidus dans le miel proviennent souvent de leur utilisation pour traiter les sols, les semences ou sous forme de pulvérisations foliaires en cours de croissance des cultures. Certains résidus peuvent présenter un risque pour la santé des consommateurs (par exemple le Cyprocanozole, Propiconazole, Tetraconazole, Fenpropidin et Imazal, tous en classe II). Les abeilles absorbent souvent les herbicides qui sont présents dans leurs sources d’eau potable. Les herbicides qui présentent un risque les plus courants dans le miel sont, en classe II le 2,4-D, et, dans la III: Acetochlor, Clopyralid, Diflufenican, Diuron, Ethalfluralin, Fluazifop, Glufosinate. Glyphosate, Metribuzin, Pendimethalin, Trifluraline (El-Nahhal et al., 2020).

Métaux lourds

La définition des métaux lourds est quelque peu sujette à discussion, à commencer par la terminologie elle-même. Si l’anglais dit “métaux louds” (Heavy metals) Wikipédia français adopte Élément-trace métallique, qui n’est ni la traduction de l’anglais ni la définition. Pour ma part, j’adopte comme définition de métaux lourds tous ceux dont le poids atomique est supérieur à celui du Titane (Ti), ce dernier élément compris.

Les auteurs dont les publications sont reprises dans le Tableau 3 reconnaissent aux métaux lourds deux types essentiels de toxicité: toxicité directe et pouvoir cancérigène. Leurs origines sont multiples et industrielles dans la majorité des cas de concentrations très élevées. Aghamirlou et al. (2015) citent aussi comme sources possibles des procédures inappropriées au cours des étapes de traitement et d’entretien du miel, des produits agrochimiques contenant du mercure organique, des engrais riches en cadmium et les pesticides à base d’arsenic. Bosancic et al. (2020) citent aussi les sources minières et insistent plutôt sur la contamination des plantes fourragères et des abeilles elles-mêmes. Flaminii et al. (2024) voient peu de risques occasionnels liés au Pb et au Ni, mais insistent sur le risque que présente le Cr pour les tout petits. Finalement, Gałczyńska et al. (2025) signalent que des teneurs élevées en Cu et Al ont été trouvées dans le miel d’acacia, en Zn dans le miel de colza et en Rb dans le miel de tilleul.

Il faut bien reconnaître qu’il n’y a aucune logique bio-géochimique dans ce tableau. Les éléments dans le miel suivent grosso modo leur abondance dans l’environnement et leurs concentrations varient souvent sur plus de deux ordres de grandeur (pour le Cr, par exemple, de 19.6 ppb à 900 ppb; pour le Pb de 2.5 ppb à 500, de moins de 0.05 ppb à 1481 ppb pour le Zinc ). Nous proposons quand même une “valeur de référence” dans la dernière colonne.

Tableau 3: teneurs en métaux lourds d’échantillons de miel de 12 publications. Certaines ont des donnéees synthétiques (zone géographique donnée comme “divers”), d’autres proviennent de donnéees nationales, souvent obtenues à partir d’un grand échantillon. Nous avons retenu comme “valeur de référence” celles données par Solayman et al. (2016) si disponibles, sinon celles Flamminii et al. (2024) ou celles de Bogdanov (moyenne géométrique de deux valeurs). nd signifie “non détecté”; *: oligo-élément essentiel et relativement peu toxique; ** élément très toxique.

Qu’en est-il du miel “bio”? Seuls Bosancic et al. mentionnent spécifiquement des analyses effectuées sur des miels de trois sources décrites comme (1) proche d’une source de contamination , (2) certifié bio et (3) “naturel”. Les teneurs en métaux lourds en ppm sont, pour Pb de 0.262, 0.086 et 0.144 (respectivement pour les trois sources), Cd: 0.009, nd, 0.007; Zn: 1.361, 0.507, 1.127 et Ni: 0.121, 0.163, 0.128. Ces résultats peu concluants s’expliquent sans doute par le fait que le caractère “bio” du miel est difficile à garantir et à prouver, sinon par des analyses chimiques.

Conclusions

Le miel d’abeilles est contaminé par une kyrielle de pesticides et de métaux lourds potentiellement toxiques. Les ordres de grandeur des concentrations des pesticides varient de 0.1 ppb à 200 ppb. Celles de métaux lourds sont beaucoup plus variables et couvrent l’intervalle de 0.85 ppb (Th) à 43 ppm (Ti) pour une valeur médiane de 200 ppb.

Dans l’ensemble, et sauf contamination locale excessive, ces miels ne sont pas toxiques pour une consommation “normale”. On a signalé quelques cas de toxicité du miel, notamment quand les abeilles avaient butiné certains nectars par eux-mêmes toxiques (Datura, Laurier-cerise, Rhododendron), quand des nourrissons ont mangé trop de miel riche en Cr, ou quand les apiculteurs ont joué aux apprentis-sorciers en traitant les abeilles aux antibiotiques.

Bien que certains auteurs semblent vouloir utiliser les teneurs en métaux lourds du miel comme indicateurs de contamination de l’environnement, les liens semblent peu fiables, en dehors de cas extrêmes de pollution industrielle. Les quelques indications disponibles soulignent que les rapports sont plus directs entre les métaux lourds dans l’environnement et ceux du nectar (Scott et Gardiner, 2025), du pollen ou des abeilles elles-mêmes que celles du miel. C’est que le miel est un produit beaucoup plus élaboré et il est possible que les abeilles puissent le détoxifier dans une certaine mesure, notamment en ségréguant certains ions métalliques (Burden et al., 2019). Pour les pesticides aussi le niveau de contamination du miel est beaucoup plus faible que celui du pollen ou du pain d’abeille (Gałczyńska et al., 2025).

Il reste que le miel contient des résidus toxiques, en quantité inconnue en l’absence d’analyses. La cause est toujours la même: certains agriculteurs utilisent sans arrière-pensée un large éventail de pesticides au lieu de privilégier des méthodes plus douces30. Il y a donc des zones particulièrement touchéees par les pesticides en général (par exemple les cultutres de noisetiers et leur proximité immédiate) et je me méfierais du miel qui provient de ces endroits.

Remerciements

Je tiens à remercier Guy Leboutte, de Condroz belge, Alain Empain et Philippe Greisch pour leur lecture détaillée de ce billet, ce qui a permis de l’améliorer sensiblement. Les “obscurités de fond et de forme” restent ma seule responsabilité.

Références31

Aghamirlou (Hasan Mohammadi ), Monireh Khadem, Abdolrasoul Rahmani, Marzieh Sadeghian, Amir Hossein Mahvi, Arash Akbarzadeh, Shahrokh Nazmara 2015 Heavy metals determination in honey samples using inductively coupled plasma-optical emission spectrometry. Journal of Environmental Health Science & Engineering 13:39. https://link.springer.com/article/10.1186/s40201-015-0189-8

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Al-Waili (Noori), Khelod Salom, Ahmed Al-Ghamdi, Mohammad Javed Ansari 2012 Review Article Antibiotic, Pesticide, and Microbial Contaminants of Honey: Human Health Hazards. The Scientific World Journal, Article ID 930849, 9 pages. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1100/2012/930849

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Notes

  1. On notera que la précision des donnéees numériques de ce billet (0.2 ppm, 2.376%, HI de 1.5 à 276, etc) laisse beaucoup à désirer. C’est que le problème n’est pas qu’esthétique; il dépend aussi de la précision avec laquelle certaines mesures ont été obtenues. Si un source me dit que la teneur en plomb (Pb) est de 3.5 ppm, je comprends qu’elle est en mesure de doser un demi ppm de Pb. Par contre, si je lis 3.50 ppm, je comprends que la sensibilité de la méthode atteint le centième de ppm. J’ai donc essentiellement conservé les valeurs numériques des sources sans essayer de les harmoniser, malgré queques inconsistances manifestes. On me pardonnera aussi d’avoir utilisé le point décimal (2.3%) au lieu de la virgule (2,3%) traditionnelle du français. ↩︎
  2. Très légitime culte du profit. The very beautiful cult of beautiful profit, comme dirait Trump. ↩︎
  3. Sèche ou froide, selon les régions. ↩︎
  4. Cet effet de concentration est bien plus fréquent qu’on ne pense. Par exemple, certains poissons concentrent pour nous le plancton; les chèvres concentrent pour nous la végétation éparse des lieux semi-arides… ↩︎
  5. Belzébuth signifie “Dieu des mouches”. Voir Wikipédia. ↩︎
  6. Je connais bien la composition: je devais préparer le mélange quand j’étais petit. Notez qu’on utilise du saccharose (un sucre en C12) alors que les jus sucrés récoltés par les abeilles contiennnent un mélange de sucres en C6 (e.g. fructose). On pourrait dire qu’on enlève aux abeilles le soleil, et qu’on le remplace par des patates. ↩︎
  7. Bien malin l’apiculteur industriel qui pourra me garantir que son produit (je préfère utiliser un mot neutre) ne contient pas de résidus de nourrissage de l’année précédente. ↩︎
  8. Et comme les poulets en batterie et les truies en cage, on peut difficilement parler de conditions “humaines”. ↩︎
  9. Bleinheim, c’est un château et un parc, comme dans le bon vieux temps des princes et des princesses. Le parc est resté privé parce que la Grande-Bretagne n’a pas connu de “révolution française”. La proprièté foncière au Royaume Uni a gardé une structure féodale. ↩︎
  10. L’apiculteur de Blenheim et auteur de la découverte. ↩︎
  11. Les textes en italiques sont traduits de l’anglais par DeepL, éventuellement revus “à la main”. ↩︎
  12. Paul Honigmann, 2024, signale que les abeilles élevéees en conditions moins interventionnistes que l’apiculture industrielle sont nettement moins susceptibles de souffrir de parasites et maladies, y compris la Varroa. ↩︎
  13. C’est un air bien connu qui consiste à Privatiser les profits et mutualiser (ou “socialiser”) les risques. L’exemple le plus classique est celui des centrales nucléaires. ↩︎
  14. L’édition de 2024 insiste énomément sur les risques informatiques et ceux de la désinformation. Voir aussi le Interconnected risks report publié par l’Université des Nations Unies UNU. ↩︎
  15. Noter, cependant, que selon Aizen et ses collègues (2008) la pollinisation par les abeilles domestiques profite à un tiers de toutes les cultures vivrières dans le monde. En général et en 2008, Aizen estimait que rien ne permettait pas d’affirmer qu’il y aurait une pénurie de pollinisateurs qui affecterait le rendement des cultures à l’échelle mondiale. ↩︎
  16. Je pense à ces infâmes myrtilles de supermarché qui sont “des baies bleu-noir vaguement sucrées” mais qui n’ont aucun goût de myrtille. C’est tellement vrai que, dans leur variante séchée obligatoire dans le müsli aux fruits, elles sont additionnées de sucre et d’acide citrique.. ↩︎
  17. Le mot “bétail” peut surprendre. Le texte exact est “Until this study, honey bees were the only livestock that could not be maintained on a man-made feed”. On pourrait traduire livestock par “animal d’élevage”. Il existe d’innombrables définitions de livestock. C’est clair que tous les animaux d’élevage ne sont pas du bétail, les poissons, les escargots et les crevettes, par exemple. Voici ce que dit la FAO dans le paragraphe 8.5.1. du document World Programme for the Census of Agriculture 2020, Volume 1, Programme, concepts and definitions, “bétail” désigne tous les animaux, oiseaux et insectes gardés ou élevés en captivité, principalement à des fins agricoles. Cela comprend les bovins, les buffles, les chevaux et autres équidés, les chameaux, les moutons, les chèvres et les porcs, ainsi que les volailles, les abeilles, les vers à soie, etc. – à l’exception des animaux aquatiques (voir annexe 6). Les animaux domestiques, tels que les chats et les chiens, sont exclus, sauf s’ils sont élevés pour l’alimentation ou à d’autres fins agricoles. Pour plus de détails sur le bétail, veuillez vous référer aux notes explicatives de la classification centrale des produits (CPC), version 2.1. Donc le chien qui tire la charrette avec le lait fraîchement trait par la fermière en tablier à fleurs et le chat qui attrape les souris dans le foin font partie du bétail. ↩︎
  18. Une variante du Fucosterol, qu’on extrait habituellement d’algues marines japonaises. ↩︎
  19. Elles sont aussi trop belles pour n’être pas bourrées de pesticides. ↩︎
  20. Le botulisme est causé par la présence de neurotoxines bactériennes dans l’alimentation. Dans le cas spécifique du miel, les cas étaient dûs à l’utilisation d’antibiotiques par les agriculteurs, antibiotiques qui avaient créé des bactéries résistantes. C’est la même chanson que celle de l’utilisation d’antibiotiques dans l’élevage des bovins, porcs et volailles: ce sont les conditions d’élevage peu naturelles qui engendrent l’utilisation préventive d’antibiotiques. Dans le cas de l’apiculture, il s’agit, selon Al-Waili et al. essentiellement de oxytetracycline and chloramphenicol. ↩︎
  21. On peut traiter le bois des ruches à l’huile d’olive “bio” si on veut éviter les peintures. ↩︎
  22. Il existe une corrélation significative entre l’activité antioxydante et la teneur en composés phénoliques du miel. ↩︎
  23. L’ athérogénèse est le processus de formation des athéromes, c.à.d des dépôts de lipoprotéines sur les parois des artères, par exemple au cours de l’artériosclérose. ↩︎
  24. Je vois là comme un rappel de ce qu’on voit par ailleurs traditionellement dans les propriétés des tisanes des mêmes plantes… ↩︎
  25. Selon le Wiktionnaire, le mot signifie qui lutte contre la prolifération pathologique des cellules. ↩︎
  26. Toutes les pollutions à partir de sources agricoles constituent autant de pertes pour le secteur. Par exemple, la pollution des nappes phréatiques par l’azote des engrais constitue une perte d’azote pour la végétation. Les émissions de méthane par les rizières proviennent de la dégradation des matières organiques des sols de rizière. Il en est de même des pesticides, même si les quantités absolues sont moindres que dans le cas des composants des engrais. Cependant, le fait que certains pays “perdent” beaucoup moins de composants toxiques que d’autres indique que les premiers gèrent leur agriculture de manière efficace, et les seconds pas. Si on considère, en plus, que les pesticides sont coûteux, l’agriculteur qui pollue peu pratique une agriculture plus rémunératrice que son collègue dispendieux. ↩︎
  27. Il apparaît que les valeurs de l’Italie et de la France sont cette fois relativement basses. Il y a là un paradoxe apparent qui s’explique par le fait qu’une grande diversité de résidus a été trouvée dans les miels français et italiens, mais que ces pesticides appartiennent à des catégories relativement peu agressives du point de vue de leur classe de toxicité (Tableau 1) ↩︎
  28. En fait, le tableau de El-Nahhal contient aussi quelques autres substances. Voir les notes du Tableau 1. ↩︎
  29. Par exemple, la valeur moyenne de l’imidaclopride (7.6 ppb) résulte de la moyenne de 0.7, 2.38, 50, 1.8, 1.69, 0.82, 0.2, 3.3. Une seule valeur élevée tire la moyenne vers le haut. ↩︎
  30. Comme par exemple le suivi des conditions favorables à l’émergence des “nuisibles”, la lutte biologique etc. ↩︎
  31. Certaines références de cette liste ne sont pas mentionnéees dans le corps du texte. ↩︎

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