Farwest à Bollywood

Veerappan, image extraite du film Veerappan (2016) avec Sandeep Bharadwaj et Lisa Ray. L’image de l’onglet provient d’une capture d’écran de ce site.

Je ne me souviens pas au juste comment j’ai atterri sur le site people indien qui parle de Vidhya Rani, mais je me souviens que, au lieu de passer en coup de vent, mon attention a été attirée par un formidable portrait et la non moins formidable moustache de Koose Muniswamy Veerappan, le plus célèbre des bandits indiens.

Un vrai bandit.

Les Indiens ont encore de vrais bandits?

J’ai donc continué à lire l’histoire de Vidhya Rani, la fille du bandit.

Elle est née en 1990, et c’est une politicienne et aspirante actrice indienne devenue, depuis 2020, fidèle partisane du premier ministre, lui-même aspirant dictateur1, comme quelques autres.

Vidhya est certes la fille d’un criminel tellemement célèbre qu’il a sa propre page Wikipedia (anglais), mais elle a fait toutes ses études dans des institutions très pieuses, à commencer par les Soeurs de St Joseph à Sriperumbudur  (SJRS, St.Joseph’s Day and Residential School , état de Tamil Nadu2). Leur site web affirme qu’elles gèrent The best school in Sriperumbudur. Elle a ensuite étudié au Women’s Christian College3 à  Chennai (toujours dans l’état de Tamil Nadu) et enfin au Puram Law College de Bangalore4.

En plus de la contrebande de bois de santal et d’ivoire, le portefeuille de Veerappan incluait le kidnapping, l’assassinat et l’extorsion. Il est responsable de la mort de 184 personnes (dont 97 policiers et agents du India Forest Service) et de celle de 900 éléphants5. S’il a pu échapper aux autorités pendant des années, c’est grâce à son côté Robin des Bois: dans les campagnes des trois états méridionaux de l’Inde où continue à règner une grande pauvreté, il payait un réseau étendu d’informateurs qui lui rapportaient les plans et les mouvements de la police. Après plusieurs tentatives infructueuses, il a été tué lors d’une opération policière d’envergure baptiséee Operation  Cocoon en 2004. Sa vie a inspiré les biographes6 et les cinéastes, d’abord avec Attahasa (Défiance), film kannada de 2013 et ensuite The hunt for Veerappan (Netflix, India, 2016)… et d’innombrables documentaires. 

Veerappan, “le plus grand bandit de tous les temps” en 1998. Source: Britannica.

Le site WikiBio où j’ai trouvé Vidhya Rani m’annonce qu’ils vont me dire quelle est sa religion et sa caste… mais il n’en font rien. Il est possible que la mention des castes soit illégale en Inde, où les castes ont été abolies, officiellement – mais seulement officiellement-. 

Comme Vidhya Rani a fait ses études chez les Chrétiens7, elle est peut-être chrétienne et elle a épousé un Chrétien, Deepak Mariya8, en 2011, au grand déplaisir de mère Muthulakshmi, la veuve du bandit, elle aussi “dans la politique”. Vidhya Rani a eu maille à partir avec sa mère, qui l’a “kidnappée et séquestrée”9 à cause de son mariage.  Le mari a réclamé sa légitime épouse et en  un tribunal lui a donné raison en 2011. Comme la famille est célèbre, la presse indienne en a parlé, par exemple le The Indian Express et le New Indian Express.

Alors, cette caste?

On reste sur sa faim. Mais ce qu’on m’a souvent dit en Inde, au Banglasdesh et au Pakistan10 c’est que devenir chrétien est une des façons d’échapper au système des castes, d’abord en prenant un nom chrétien “hors caste”.  Même si les agences matrimoniales et les petites annonces matrimoniales des journaux indiens pratiquent toutes le cast no bar11, ça vaut surtout pour les castes “inférieures” ou les sans-caste.

Je ne pense pas que les “castes supérieures” (Brahmines, Rajputs…) se convertissent souvent.

Notes

  1. C’est aussi, de plus en plus souvent, une forme de banditisme, mais plus réminératrice et moins dangereuse que le “vrai” banditisme, qui s’appelle ici daccoity. Le mot daccoït est un des mots qu’on apprend très vite en lisant la presse indienne et du sous-continent en général. D’autres sont le Lakh (pour 100 mille) et le Crore (pour 10 millions). Un crore vaut donc 100 lakhs. Par exemple, l’agence matrimoniale mentionnéee dans le deuxième paragraphe de la fin affirme avoir des lakhs de profils de candidats au mariage. ↩︎
  2. Sud-est de la “pointe” de l’Inde. ↩︎
  3. C’est une école interconfessionnelle (“interdenominational”) ou œcuménique. Je ne sais pas si ça veut vraiment dire ouvert à toutes les religions ou pan-chrétien. Ouvert comme dans “ouverture d’esprit” pas comme dans “fenêtre ouverte”. ↩︎
  4. Bangalore est dans l’état de Karnataka, sud-ouest de la “pointe” de l’Inde. ↩︎
  5. Bien que… L’Encyclopedia britannica mentionne 120 personnes et 2000 éléphants. ↩︎
  6. Veerappan: Chasing the Brigand (2017) de K. Vijay ↩︎
  7. J’ai connu à Rome plusieurs Musulmans francophones qui travaillaient dans des organisations internationales. Ils scolarisaient leurs filles chez les soeurs à Saint-Dominique, où elles recevaient une éducation traditionnelle plus stricte que dans les autres écoles étrangères. ↩︎
  8. Deepak est le prénom et signifie lumière. ↩︎
  9. Le kidnapping semble être un trait héréditaire dans cette famille! ↩︎
  10. Bien que le Bangladesh et le Pakistan soient deux pays “très” musulmans (le blasphème vrai ou présumé vous mène droit au lynchage, ou en prison, si vous avez de la chance!) ils continuent souvent à pratiquer le système des castes! ↩︎
  11. Cast no bar, la caste n’est pas un obstacle. ↩︎

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Alain
Alain
1 day ago

Tu pourrais compléter par “Moi, Phoolan Devi, reine des bandits”